Lahore, capitale de la province du Pendjab et deuxième ville la plus peuplée du Pakistan, est aussi connue sous le nom de « Jardins des Moghols » ou « Cité des jardins » en raison de son patrimoine hérité de son rôle capital dans l'empire moghol (1524 - 1752). Cette ville autrefois fortifiée possède de nombreux monuments et édifices qui reflètent la diversité culturelle de son architecture et, malgré un passé animé et tumultueux qui s'étend sur plusieurs siècles, elle a conservé une grande partie de sa forme urbaine historique.
Une fois le projet du Fort de Shigar terminé en 2005, le gouvernement du Pakistan a demandé au Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) de contribuer sur le plan technique au projet pilote de développement de la zone financé par la Banque mondiale et connu sous le nom de Shahi Guzargah (sentier royal), dans la ville fortifiée de Lahore. La ville est réputée pour plusieurs de ses monuments historiques, dont le Fort de Lahore, classé au Patrimoine mondial, ainsi que les mosquées Badshahi et Wazir-Khan. À l'intérieur de la ville fortifiée, près de 2 000 édifices présentent une variété d'éléments architecturaux qui révèlent le paysage culturel ancestral de Lahore. Une grande partie de ces édifices et les mohallas (quartiers locaux) dans lesquels ils sont situés forment une empreinte patrimoniale unique.
En conséquence, les travaux entrepris par l'AKTC et les Services culturels Aga Khan Pakistan (AKCSP) ont été initiés dans le cadre d'un accord de partenariat public-privé conclu en 2007 avec le gouvernement du Pendjab. La première phase du projet, achevée en 2014, comprenait la conception et l'amélioration de services d'infrastructure et la documentation des principaux monuments datant de l'époque moghole. La dimension sociale et économique importante dont le but est de réduire la pauvreté et de créer des opportunités économiques pour les habitants locaux a été rendue possible grâce à la participation de la communauté aux projets. L'engagement technique de l'AKTC se poursuit actuellement sur la base d'un protocole d'accord avec l'autorité de la ville fortifiée de Lahore (WCLA). Le programme d'assistance de l'AKTC devrait se poursuivre dans un avenir proche.
Pour le projet pilote, qui a été incorporé dans un cadre de développement intégré à l'échelle de la ville fortifiée, le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) et les Services culturels Aga Khan Pakistan (AKCSP) ont fourni une assistance technique et financière.
La base de données SIG contient des données au niveau des parcelles pour 21 800 propriétés.
L'AKTC a décidé d'intervenir dans la ville fortifiée de Lahore pour plusieurs raisons :
- Une forte baisse de la population parmi les habitants de la ville fortifiée. Au moment où le Trust a commencé à travailler dans la ville, le nombre de résidents avait chuté à moins de 150 000 (pour 240 000 cinquante ans plus tôt). En parallèle, des demeures très importantes sur le plan historique avaient été démolies ou converties en entrepôts par le secteur commercial. Le plan stratégique met l'accent sur l'importance de maintenir une population résidentielle conséquente dans la ville fortifiée en améliorant les conditions de logement et en offrant des services sociaux de base, ce qui permet d'endiguer la dégradation et d'établir les bases d'une renaissance socio-économique.
- L'intention des décideurs politiques locaux est de faire de la ville fortifiée une destination potentielle pour les visiteurs locaux, nationaux et internationaux. Ce contexte positif a permis à l'AKTC d'aider à préparer le développement économique de la ville, mettant ainsi l'accent sur l'augmentation du nombre de visiteurs et la création d'opportunités d'emplois pour les habitants.
Sous l'égide de l'AKTC, un plan de développement des infrastructures à moyen terme a ainsi été élaboré pour l'ensemble de la ville fortifiée, intégrant la conception de divers services publics dans un programme qui s'étend sur quinze ans.
En 2010, la conservation de Gali Surjan Singh a été entreprise dans le cadre d'un programme d'amélioration des infrastructures municipales co-signé avec le gouvernement du Pendjab et soutenu, en partie, par une subvention de l'ambassade d'Allemagne.
Avant le début du projet de Gali Surjan Singh, les rues comme celle-ci n'avaient jamais fait l'objet de programmes d'entretien esthétique et architectural ni d'une harmonisation avec l'environnement lorsqu'elles dépendaient des urbanistes de la ville, notamment en raison de l'absence de réglementations concernant ces éléments. Les concepts de l'AKTC, élaborés au début de l'année 2008, avaient pour but d'incorporer la mise en place d'installations matérielles de base pour les habitants des bâtiments bordant la rue avec une sensibilité esthétique qui visait à réhabiliter le paysage urbain et l'horizon.
L'infrastructure a été revue en reconstruisant les canalisations d'eau et d'égouts en, respectivement, polyéthylène haute densité et PVC-U, ainsi qu'en consolidant et en réorganisant le réseau électrique par l'intermédiaire de câbles aériens, avec des dispositifs de serrage et de fixation posés à intervalles réguliers afin de permettre aux câbles d'épouser les caractéristiques architecturales des façades des bâtiments.
Par l'intermédiaire d'une combinaison d'initiatives techniques et de vulgarisation sociale, le projet a permis la mise en pratique de la revalorisation d'un espace patrimonial urbain d'une manière intégrée, en combinant l'offre d'une infrastructure de services de haute qualité avec une focalisation sur l'amélioration du paysage urbain et la réhabilitation du tissu historique. Le projet a élaboré des modèles de conception pour l'infrastructure et l'architecture que l'autorité de la ville fortifiée de Lahore (WCLA) a reproduit à plus grande échelle dans d'autres zones de la ville. Le projet a également reçu une Mention honorable lors de l'édition 2014 du Prix UNESCO-Asie Pacifique pour la conservation du patrimoine culturel.
En juin 2015, la conservation de bains publics situés au niveau de la porte de Delhi et datant du 17e siècle (durant la période moghole), autrement appelés hammam Shahi, a été achevée. La réhabilitation de ce complexe de 1000 m² a duré plus de deux ans.
Le hammam Shahi, construit en 1634 au cours du règne de Shah Jahan, est un établissement de bains publics édifié dans la tradition des établissements de bains persans et turcs. Malgré les vestiges archéologiques prouvant l'existence et la popularité de plus petits bains publics au cours des époques moghole et des Sikhs, le hammam Shahi est le seul établissement de bains publics monumental du sous-continent qui subsiste de cette période.
Avant les travaux de conservation, les murs d'enceinte nord, ouest et sud du hammam étaient utilisés comme devantures commerciales improvisées. Certaines parties de la structure de l'édifice avaient été adaptées à cette nouvelle fonction commerciale et les canalisations apparentes d'origine, ayant été reconstruites ou obstruées, avaient provoqué des infiltrations d'eau dans les fondations de l'édifice, ce qui avait grandement contribué au décollement de l'enduit à la chaux et à la perte considérable de nombreuses de ses fresques. L'intérieur du hammam avait également été réquisitionné par le secteur public et utilisé de différentes manières au fil du temps, comme école pour garçons, école professionnelle pour filles, dispensaire et bureau pour les départements gouvernementaux. Entre-temps, certaines des chambres au nord-ouest de l'édifice avaient été louées pour accueillir des commerces, effaçant ainsi un peu plus la valeur patrimoniale du site.
Une compensation financière a été offerte aux commerçants locaux qui empiétaient sur les murs extérieurs du hammam afin de les faire déménager, et un mur de soutènement a été bâti afin de prévenir tout nouvel empiètement. Le niveau de la rue entourant l'édifice a ensuite été abaissé de plus de deux mètres pour revenir à sa hauteur originale, ce qui a permis de déterrer et de remettre en valeur la totalité de sa façade historique. Au cours du processus d'excavation, le système d'hypocauste et les systèmes de chauffage du hammam ont été découverts et ont permis de comprendre la façon dont l'eau chauffée était acheminée vers les différentes chambres de baignade. Des travaux de conservation ont été entrepris sur l'entrée d'origine de l'édifice et les éléments architecturaux des éclairages intérieurs et extérieurs, et 65 000 briques historiques ont été recyclées pour restaurer plusieurs sections du hammam.
L'édifice a rouvert en tant que musée en juillet 2016 et attire des visiteurs locaux comme internationaux. Avec le Fort de Lahore, il devient un point de plus en plus central du tourisme dans la ville fortifiée. En 2016, le hammam a été récompensé du Prix du mérite du Prix UNESCO-Asie Pacifique pour la conservation du patrimoine culturel.
La mosquée Wazir-Khan a été édifiée en 1634-1635 EC (1044-1045 année hégirienne) par Hakim 'Ali ud din, subedar (gouverneur) de la province de Lahore de 1632 à 1639 sous le règne de l'empereur moghol Shah Jahan. C'était la plus grande mosquée de Lahore à cette époque, la mosquée Badshahi n'ayant été construite que 50 ans plus tard.
Le complexe comprenait la mosquée elle-même, le chowk (lieu d'intersection urbain), une rangée de hujras (ateliers) qui étaient intégrés au système d'entrée et spécialement conçus pour les calligraphes et les relieurs, et des ateliers supplémentaires sur les façades est et nord intégrés directement dans le corps du monument. Les nombreux ornements architecturaux qui embellissent ses surfaces extérieures et intérieures forment un atout particulier exceptionnel qui place la mosquée en première ligne des principaux monuments du monde.
Des travaux de documentation complète sur la mosquée avaient été effectués en 2009, puis publiés en 2012 par une équipe technique d'architectes et d'ingénieurs spécialisés dans la conservation des Services culturels Aga Khan Pakistan (AKCSP), afin de déterminer tous les problèmes et enjeux auxquels l'édifice était confronté.
Parmi ces problèmes, on retrouvait notamment la stabilité des fondations de la mosquée, qui étaient menacées par les empiètements des commerces et un remblai de près de 3 mètres. Étant donné que la récolte de fonds pour la conservation du complexe allait prendre du temps, une approche pratique a été abordée afin de lancer le processus étape par étape.
Le processus de conservation et la réhabilitation de la façade nord de 85 mètres de long de la mosquée Wazir-Khan s'est terminé en juin 2016, avec l'aide financière du gouvernement norvégien et du Trust Aga Khan pour la culture (AKTC), et avec l'aide de l'autorité de la ville fortifiée de Lahore (WCLA). Ce projet comprenait la remise à niveau de la rue comme à son origine, la réutilisation adaptative des hujras restaurés comme locaux à louer pour des activités commerciales contrôlées par la WCLA, l'éclairage de la façade et la réhabilitation de la façade nord, qui fera office de modèle pour la conservation de l'ensemble de la mosquée lorsque le processus sera mis en œuvre.
La réhabilitation du chowk Wazir-Khan, le parvis historique de 800 m² de la mosquée, a démarré au cours du dernier trimestre de 2015 grâce au financement du Fonds des ambassadeurs pour la préservation culturelle américain (AFCP) et du Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) et à l'aide de l'autorité de la ville fortifiée de Lahore (WCLA).
Le projet de conservation avait pour but de récupérer l'espace urbain en abaissant le chowk à son niveau d'origine, en déterrant et en restaurant la façade est et les hujras de la mosquée Wazir-Khan, en conservant le bazar des calligraphes et la dewrhi de la mosquée, en déterrant et en conservant le puits Dina Nath et en réhabilitant l'espace urbain ouvert pour la communauté. La conservation de la façade est s'appuie sur l'expérience acquise lors des travaux effectués sur la façade nord, notamment en ce qui concerne les ornements architecturaux, en ayant recours à des tests de matériaux dans des laboratoires internationaux par l'intermédiaire de l'AKTC, et en s'inspirant de travaux similaires réalisés en Afghanistan.
L'objectif était de récupérer le chowk pour le réutiliser comme espace public urbain dans cette ville fortifiée congestionnée en le transformant en un espace attrayant et accueillant permettant plusieurs activités comme des représentations de qawwali, des melas locaux et des événements spéciaux, en mettant particulièrement l’accent sur l'atmosphère des soirées. Les travaux ont été achevés en juillet 2017 et le premier événement majeur a eu lieu le 14 août 2017, organisé par la WCLA afin de célébrer les 70 ans d'indépendance du pays.
En 2017, le gouvernement du Pendjab a approuvé un projet PC-1 d'un montant de 5 millions de dollars sur une période de cinq ans pour la conservation appropriée de la mosquée Wazir-Khan.
En septembre 2015, les Services culturels Aga Khan Pakistan (AKCSP) ont commencé à documenter le mur illustré du Fort de Lahore, une fresque qui orne le Fort et qui était la raison principale de l'inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981.
L'AKTC a commencé à travailler sur le site en septembre 2015 par la documentation du mur illustré, puis a continué avec celle du Fort dans son intégralité, grâce à un financement de l'ambassade royale de Norvège. Depuis, le projet a été étendu afin d'y inclure la planification de la réhabilitation du Fort et l'amélioration des conditions à l'intérieur d'une zone tampon située le long de ses extrémités sud et est. L'initiative du Fort de Lahore a pour objectif de catalyser le développement socioéconomique de la ville fortifiée historique en réorganisant le système de gestion touristique du Fort et en revitalisant des espaces actuellement laissés à l'abandon pour engendrer des revenus supplémentaires.
En 2017, le gouvernement du Pendjab a approuvé un projet PC-1 d'un montant de 9 millions de dollars sur une période de cinq ans pour la conservation du Fort de Lahore et de ses monuments.
Plusieurs phases impliquant différentes sections sont mises en œuvre dans le cadre du plan stratégique pour la ville fortifiée.
Le projet de Gali Surjan Singh de l'AKTC pour l'amélioration de l'habitat a permis d'établir un standard de qualité élevé. L'impact de ce projet a été tel que l'initiative est déjà reproduite à une plus grande échelle par l'autorité de la ville fortifiée de Lahore (WCLA). Le projet a été récompensé lors du Prix UNESCO-Asie Pacifique pour la conservation du patrimoine culturel en 2014.
La suppression des commerces improvisés qui, pendant des dizaines d'années, ont masqué d'importants monuments historiques le long des artères principales de la ville fortifiée, ainsi que la réhabilitation des dits monuments, a déjà un impact visuel et psychologique non négligeable, ce qui entraîne une augmentation de la fréquentation des visiteurs dans la zone.
La sensibilisation croissante quant à l'importance historique et socio-culturelle de Lahore et en particulier de son patrimoine moghol chez les hommes d'affaires, les dirigeants politiques et les personnes instruites les plus importants, ainsi que le fait que ces personnes aient salué la grande qualité des initiatives de conservation et de réhabilitation du Trust, ont conduit à plusieurs partenariats clés.