Votre Altesse l'Aga Khan, chancelier de l’Université Aga Khan,
M. Carlos Moedas, Commissaire européen à la recherche, la science et l’innovation,
Dr Haile Debas, président pro tempore du conseil d'administration,
M. Nazim Ahmad, représentant diplomatique de l’imamat ismaili,
Chers membres du conseil d'administration et invités d'honneur,
Bonsoir,
Je vous remercie de vous être joints à nous ce soir. C’est un grand honneur de vous compter parmi nous à cette occasion. En raison de circonstances exceptionnelles, Son Excellence Marcelo Rebelo de Sousa ne peut être présent avec nous aujourd’hui et vous présente ses excuses pour son absence.
Nous avons la grande chance d’avoir le Commissaire Moedas avec nous ce soir, et nous sommes impatients d’entendre ce qu'il a à nous dire. Merci, Monsieur le Commissaire, d’avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd'hui.
Ce soir, je voudrais prendre quelques minutes pour évoquer les valeurs qui unissent toutes les personnes présentes dans cette salle.
Mais tout d’abord, je m’aperçois que certains d’entre vous ne connaissent peut-être pas bien l’Université Aga Khan, même si vous connaissez bien notre fondateur et chancelier, Son Altesse l'Aga Khan, ou la Fondation Aga Khan (AKF) au Portugal et au Mozambique. Je me permettrais donc de faire une brève introduction de l’Université Aga Khan, ou AKU, comme nous l’appelons.
L’AKU a été créée en 1983 au Pakistan et fut la première université privée du pays. Au début des années 2000, nous avons implanté l’Université au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, et plus tard en Afghanistan et au Royaume-Uni. Nous avons remis plus de 15 000 diplômes et certificats, et les deux tiers de nos diplômés sont des femmes. Nous traitons plus de deux millions de patients par an dans nos hôpitaux, donc beaucoup vivent dans des conditions très précaires.
Au cœur de notre travail se trouve la conviction qu'une université exceptionnelle implantée dans le monde en développement peut améliorer la qualité de vie d’innombrables personnes. Mais pour ce faire, nous pensons qu’une telle institution doit effectuer deux choses simultanément : elle doit s’efforcer d’atteindre des normes internationales d’excellence et doit s’attaquer aux problèmes auxquels sont confrontées les sociétés au sein desquelles elle est active.
C’est ce que nous essayons de faire. Et nous avons les preuves que notre travail sur les deux fronts a jusqu’à ce jour été couronné de succès. Nos anciens élèves travaillent dans les meilleurs hôpitaux et universités du monde ainsi que dans des écoles et dispensaires reculés en Asie et en Afrique. Les recherches en matière de santé de nos professeurs sont reconnues à l’échelle internationale et ont contribué à sauver des milliers de vies dans les communautés défavorisées.
Notre chancelier, Son Altesse l'Aga Khan, et les membres du conseil d'administration définissent l’orientation stratégique et guident l’Université dans la réalisation de son ambitieuse vision définie par son fondateur. Nous sommes extrêmement chanceux de bénéficier de si éminents membres dans notre conseil d’administration. Sept présidents, chanceliers, recteurs et doyens d'universités, cinq présidents de conseils d’administration et PDG et un juge en chef le composent. Ensemble, ils représentent 10 pays à travers quatre continents. Leur sagesse contribue à assurer notre réussite. Le conseil se réunit trois à quatre fois par an, et c’est la première fois que nous avons le plaisir de nous rassembler à Lisbonne. Le programme de cette réunion couvre plusieurs projets, dont le développement de l’AKU vers les arts libéraux et l’application de la science des données et de l’intelligence artificielle aux soins de santé et aux sciences humaines.
Mais pour revenir à mon propos, ce sont les valeurs que nous partageons qui nous rassemblent dans cette salle ce soir.
Nous sommes tous partisans du pluralisme. Nous considérons la diversité de l'humanité non comme une menace, mais comme une occasion d’apprendre, d’échanger et de grandir. Nous partageons le sentiment que chaque culture apporte quelque chose d’essentiel à la compréhension de soi de l'humanité, un sentiment que le grand écrivain Miguel Torga a retranscrit mieux que quiconque lorsqu’il a écrit, et je cite : « L'Universel, c'est le local moins les murs ».
L’accueil qu’a réservé le Portugal aux ismailis ayant fui le Mozambique dans les années 1970 est un exemple inoubliable de cet esprit de pluralisme. Tout comme c’est le cas de la gracieuse invitation du gouvernement à établir le siège de l'imamat ismaili dans ce pays. Je sais que l’hospitalité du Portugal a laissé un souvenir durable dans l’esprit des plus de 40 000 ismailis qui ont célébré le Jubilé de diamant de Son Altesse en juillet de l’année dernière. Et il y a deux semaines, nous avons une fois de plus vu l’éthique cosmopolite en action lors des Prix Aga Khan de Musique, organisés à Lisbonne.
Ce partenariat est cher à nos yeux. L’Université Aga Khan, le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) et l'imamat ismaili sont fiers d'être partenaires de la République portugaise, du Ministère de la science, de la technologie et de l'enseignement supérieur, du Ministère de la santé, de l’Université catholique du Portugal, de la Nouvelle Université de Lisbonne (NOVA) et, à l’avenir, à travers nos discussions, de la Fondation Calouste Gulbenkian et de la Fondation Champalimaud.
Je suis heureux de pouvoir dire que nombreux de ces partenariats commencent à porter leurs fruits.
L’AKU et l’Université catholique travaillent ensemble à la création d’une base de données en ligne regroupant 37 000 documents conservés aux Archives historiques d’outre-mer à Lisbonne et qui couvrent l’activité portugaise dans la région de l’océan indien entre les 16e et 19e siècles. Ce projet passionnant permettra aux chercheurs du monde entier d’approfondir notre compréhension des interactions et des contributions interculturelles que le Portugal a eues dans le monde pendant des siècles.
En juin, l’Université Aga Khan et la NOVA coorganiseront un symposium international sur l’éthique de la recherche sur les cellules souches et la médecine régénérative. Il s’agit d'un domaine hautement prioritaire pour l’AKU, qui a créé l’un des rares centres du monde en développement se consacrant à la recherche de pointe en science des cellules souches.
En parallèle, l’initiative « Knowledge for Development » (Le savoir en faveur du développement) entre l’AKDN et la Fondation scientifique portugaise a permis la mise en œuvre de nombreux projets de recherche prometteurs en Afrique lusophone. Les objectifs de ces projets sont variés : développement de cultures pouvant s’adapter au changement climatique ou encore compréhension des niveaux croissants de maladies résistantes aux traitements telles que le HIV, le paludisme ou la tuberculose.
Comme Son Altesse l'Aga Khan l’a dit dans son discours devant le Parlement portugais l’année dernière, tout ceci reflète le dynamisme du partenariat entre le Portugal et l’imamat ismaili.
Enfin et surtout, à l’instar des légendaires explorateurs portugais de la période des grandes découvertes, nous participons tous à la plus grande et la plus passionnante quête de l’humanité : celle de la connaissance.
Au 10e siècle, c’est dans le cadre de cette quête que les ancêtres de notre chancelier ont fondé l’Université Al-Azhar au Caire. Un millénaire plus tard, elle nous a poussés à créer des institutions représentées ici, y compris la plus jeune de toutes, la Fondation Champalimaud. Et ce soir, elle a permis la réunion de personnes originaires d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord dans cette salle.
Avec des valeurs telles que celles que nous partageons, je suis persuadé que nous pouvons contribuer à accroître la compréhension, à réduire les discriminations, la pauvreté et la maladie et à étendre l’accès aux perspectives d’avenir. Alors, naviguons ensemble et traçons la voie du monde meilleur que nous souhaitons tous voir.
Merci beaucoup.