Le conflit armé qui gangrène la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, a forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile depuis 2017. La plupart des familles déplacées, qui ont été contraintes d’abandonner leurs terres et leurs biens, sont logées par des parents ou des amis vivant dans d’autres communautés, ou sur des terrains temporaires prêtés. Ces personnes étant en grande majorité exploitantes agricoles, la situation a entrainé une interruption de l’approvisionnement en nourriture et des revenus pour beaucoup d’entre elles.

Avec le soutien de l’Ambassade royale de Norvège au Mozambique, la Fondation Aga Khan (AKF) travaille auprès de l’Institut agraire de Bilibiza afin d’aider les déplacés internes à identifier de nouvelles sources de nourriture et de revenus et ainsi reprendre le cours de leur vie après les bouleversements de ces dernières années.

Nous nous efforçons par exemple de mettre sur pied des associations de producteurs de volailles et de construire de petites volières. Nous aidons les associations créées à utiliser des matériaux locaux comme du bambou, de l’herbe et des piquets pour construire les volières. Nous formons ensuite les membres à assurer la bonne santé de leurs volailles, à gérer les volières et à mettre en place des stratégies marketing, des compétences qui leur seront essentielles par la suite.

Ernestina Constância, l’une des bénéficiaires de ce projet, explique : « J’ai rejoint le groupe pour apprendre à élever et vendre des poulets. Aujourd’hui, c’est une activité que je peux gérer sans problème, même seule, ce qui me permet de gagner des revenus pour soutenir ma famille. »

Une association constituée de 16 déplacés internes a reçu un lot de 450 poulets pour commencer ses activités. Grâce à la formation et à l’accompagnement dont ils bénéficient, les membres ont réussi à faire des profits en vendant des poulets et à réinvestir leur argent pour en racheter d’autres et ainsi atteindre les 600 volailles. Pour la majeure partie d’entre eux, c’était la première fois qu’ils gagnaient des revenus en dehors de leurs activités agricoles de subsistance.

Plus encore, l’association s’est muée en un espace de rassemblement, de rencontre et d’apaisement après des mois de traumatisme et d’incertitude pour les membres de la communauté d’accueil et les personnes déplacées.

Helena Fernando Evaristo, une autre bénéficiaire, explique : « Je suis heureuse de faire partie de l’association, car cela occupe mes journées et me permet d’échanger avec d’autres personnes. Je ne suis plus isolée à ressasser continuellement le passé et à penser aux choses que j’ai perdues chez moi.

J’ai aussi appris à élever des poulets et à gérer une entreprise. Quand je retournerai dans mon district, je pourrai poursuivre sur cette lancée, même seule, et serai également en mesure de travailler pour une entreprise aviaire et gagner un salaire. »

La création de petites volières est l’une des priorités des autorités de la province. C’est en effet l’un des nombreux moyens grâce auxquels nous aidons environ 400 membres de la communauté locale, y compris les déplacés internes, à se nourrir convenablement, à gagner des revenus et à mieux se préparer aux futurs chocs que l’avenir peut réserver.

L’Institut agraire de Bilibiza se donne pour mission de renforcer le secteur agricole en formant des techniciens et des entrepreneurs intermédiaires dans la province de Cabo Delgado. Cette initiative améliore également l’apprentissage par expérience des étudiants et les encourage à travailler auprès de communautés locales, ce qui les aide à renforcer leurs capacités de gestion institutionnelle, d’aménagement du territoire et de gestion durable des terres.