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  • Salle de prière de la mosquée Altinbugha al-Maridani, vue sud. On aperçoit les mosaïques en marbre qui ornent le mur de la qibla ainsi que le minbar (après restauration).
    AKTC / Adrien Buchet
Trust Aga Khan pour la culture
Le glorieux passé médiéval du Caire refait surface

Dans le cadre d’une vaste initiative dont l’objectif est de mettre en lumière le patrimoine islamique du Caire, le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) a restauré la mosquée Altinbugha al-Maridani, située dans le quartier historique d’Al-Darb Al-Ahmar, avec le soutien financier de l’Union européenne. Lancé en décembre 2018, ce projet de restauration s’est achevé en juin 2021.

La mosquée a été construite en 1340 CE par l’émir Altinbugha al-Maridani sous le patronage du sultan An-Nâsir Muhammad. Exemple parmi les plus remarquables de l’architecture mamelouke bahreïnienne au Caire, elle avait été restaurée par le Comité de Conservation des Monuments de l’Art Arabe entre 1895 et 1905, mais avait par la suite été négligée pendant plus d’un siècle.

Les travaux qui viennent de s’achever constituaient l’une des trois composantes d’un projet intitulé « Ouvrir l’accès au patrimoine culturel islamique du Caire ». La subvention accordée par l’Union européenne a permis le financement des activités suivantes :

  • Mise en œuvre des travaux de conservation de la mosquée Altinbugha al-Maridani ;
  • Création d’itinéraires touristiques à travers le quartier et mise en place d’une infrastructure touristique physique et socio-économique dédiée afin d’orienter les visiteurs et de les inviter à découvrir les monuments mamelouks exceptionnels qui bordent la principale artère médiévale du Caire ;
  • Développement de produits et de services en réponse à l’augmentation prévue du tourisme culturel, et donc à l’accroissement progressif du nombre de visiteurs dans la région et aux retombées économiques que le phénomène devrait engendrer pour l’ensemble du quartier.

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Des responsables du Ministère égyptien du tourisme et des antiquités et du Ministère égyptien des habous, un membre du Parlement national et des membres du gouvernorat du Caire posent aux côtés d’ambassadeurs de l’Union européenne et de membres d’une délégation du Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) à l’occasion d’une réception organisée à la suite de l’inauguration de la mosquée Altinbugha al-Maridani, au Caire.
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AKDN

 

Dans le cadre de ce projet, l’AKTC a développé des produits et des services destinés au secteur touristique. Mazella, une organisation de développement locale, a été chargée d’organiser des formations afin d’aider les résidents à acquérir des capacités techniques et organisationnelles pour développer l’artisanat local pour le marché touristique, mais également pour leur permettre de se perfectionner en marketing et proposer des services liés au secteur du tourisme.

En finançant ce projet, l’Union européenne souhaitait préserver et commémorer le riche patrimoine culturel islamique matériel du Caire et favoriser le tourisme culturel pour stimuler le développement socio-économique à l’échelle locale.

Il convient de préciser que, même si selon les estimations, la mosquée est aujourd’hui restaurée à 70 %, la conservation complète de l’édifice nécessitera encore 12 mois de travaux et des fonds supplémentaires. À ce jour, plusieurs étapes ont été menées, dont les relevés architecturaux initiaux des principaux éléments structurels de la mosquée, mais également de ses équipements et éléments décoratifs, tels que les portes historiques, les plafonds en bois peints et les sculptures en stuc.

Ainsi, dans le cadre des travaux préparatoires, une étape approfondie de relevé architectural et de documentation photographique du monument a été menée en amont de l’analyse et de l’évaluation détaillées de son état et de son niveau de conservation. Lors de la phase d’évaluation, les experts ont examiné les problèmes structurels et les éléments décoratifs, dont les aspects esthétiques exceptionnels ont commencé à réapparaître après avoir été masqués pendant des décennies par d’épaisses couches de poussière et de saleté.

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Cour de la mosquée Altinbugha al-Maridani (après restauration).
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AKTC / Adrien Buchet

L’une des composantes essentielles du projet était d’assurer la réhabilitation complète de l’enveloppe du bâtiment en vue de garantir sa durabilité. Dans le cadre de cette étape, l’ensemble de la toiture a été remplacée. Il a notamment été nécessaire de refaire l’étanchéité de la structure et de poser une nouvelle membrane en bitume couvrant toute la surface du toit, soit environ 2 000 m². La toiture a ensuite été recouverte d’une chape de mortier inclinée afin de faciliter l’évacuation des eaux de pluie. Les experts ont également minutieusement répertorié tous les dommages présents sur l’enveloppe extérieure de la mosquée, notamment les fissures, les tassements partiels, les effritements et les détériorations. Tous les éléments relevés ont ensuite été réparés et, si nécessaire, remplacés, comme ce fut le cas pour certains blocs de pierre entiers situés à la base des murs et dont l’état menaçait la stabilité de la structure.

Lors du nettoyage des façades, les artisans ont utilisé des cataplasmes et des outils manuels afin de les protéger au maximum et de faire réapparaître les motifs originaux, qui se composent de bandes alternées de pierre rouge et jaune. Il a également été nécessaire de mener une étape de conservation minutieuse pour préserver les importants éléments décoratifs situés à l’intérieur de la mosquée, et notamment de la salle de prière. Les responsables du projet ont ainsi mobilisé de nombreux artisans pour nettoyer manuellement les surfaces bicolores en pierre de la cour intérieure et les mosaïques polychromes et les plaques en marbre du mur de la qibla et du mihrab. La restauration des vitraux incrustés dans des cadres en gypse et des plafonds en bois peints et dorés a nécessité l’intervention de spécialistes. Sur ces éléments, ils ont notamment dû délicatement nettoyer toutes les surfaces, réappliquer les couleurs et recréer les parties manquantes.

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Vue détaillée sur le minbar, les mosaïques en marbre du mihrab et les ornements en stuc qui les surplombent (après restauration).
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AKTC / Adrien Buchet

Les artisans responsables de la rénovation du minbar, la chaire en bois d’où l’on dirige les prières, ont fait preuve d’une grande minutie et ont appliqué les meilleures techniques de travail du bois, de marquèterie, d’assemblage et de finition. L’ensemble a été réalisé à la main et n’a pas nécessité l’utilisation de colle, de clous, de vis ou d’autres systèmes de fixation.

Pour mettre en œuvre cette approche globale, les responsables du projet ont recruté des spécialistes de la restauration et des artisans qualifiés, des architectes spécialisés dans la conservation et un ingénieur consultant, mais ont également formé de nombreux ouvriers. Lorsque cela a été nécessaire, des experts internationaux ont été appelés en renfort de la main-d’œuvre locale. Tout au long du processus de conservation, des inspecteurs du Ministère égyptien du tourisme et des antiquités ont effectué des visites régulières lors desquelles ils ont eu l’occasion de partager leurs connaissances et d’échanger à propos des solutions techniques mises en œuvre avec les responsables du projet. Les travaux ont également permis à de jeunes professionnels et apprentis de suivre des formations aux différents corps de métier nécessaires à la restauration de la mosquée.

Cliquez sur ce lien pour visualiser une galerie de photographies de la mosquée avant et après restauration.