La pandémie de COVID-19 a eu des conséquences dévastatrices sur certaines des communautés les plus défavorisées du monde. Ses répercussions physiques et économiques amplifient les effets psychologiques engendrés par les périodes de confinement, l’incertitude et les nombreuses pertes qu’elles ont subies.
Dans des régions comme le Gilgit-Baltistan, dans le nord du Pakistan, les communautés reculées commencent à comprendre comment la pandémie a influencé leur santé mentale. Avec le soutien financier de l’Union européenne et de la Fondation Aga Khan (AKF), le Programme Aga Khan de soutien rural (AKRSP) met en place des séances de sensibilisation et des services de suivi psychosociaux pour atténuer certains de ces effets.
Partez à la rencontre de trois femmes qui aident leurs communautés à comprendre l’impact psychologique de la COVID-19 et contribuent à améliorer la santé mentale de leur entourage.
Fatima, Skardu
Fatima est mariée à un ouvrier du bâtiment et a quatre enfants, tous en âge d’être scolarisés. Pendant le confinement, le couple s’est trouvé dans l’impossibilité de travailler et a dilapidé presque toutes ses économies, et son quotidien est petit à petit devenu plus difficile.
« Il y avait toujours un sujet de discorde, que ce soit pour les enfants ou leur père », explique-t-elle. « Je m’efforçais de garder mon calme et ma patience, mais c’était très difficile. Confrontés à une inactivité forcée, les enfants ont commencé à nous désobéir. Mon mari, qui est une personne généralement calme, montrait des signes d’énervement face à leur comportement. »
« La situation a fini par devenir très compliquée, et je ne savais plus comment m’y prendre. Heureusement, des voisins sont venus un jour me proposer de participer à une formation mise en place par un organisme d’aide local, au cours de laquelle nous avons abordé le sujet de la santé mentale et parlé des effets de la pandémie et du confinement sur les différents aspects du quotidien. Ces séances m’ont aidée à mieux comprendre la situation et à savoir comment y faire face. »
Fatima se fait désormais l’ambassadrice de la formation de l’AKRSP et diffuse ses nouvelles connaissances au sein de sa communauté : « Parfois, l’argent n’est pas la nécessité première. Le simple fait de comprendre un problème permet de le gérer plus facilement. Je remercie l’AKRSP de nous apporter une aide précieuse à une période aussi critique. »
Saeeda, Shigri Kalan
Saeeda est travailleuse sociale. Elle a travaillé comme agente communautaire dans le cadre du projet de lutte contre la COVID-19 de l’AKRSP. Elle a suivi une formation sur l’importance du bien-être mental et a participé à l’organisation de séances de sensibilisation sur les différents types de troubles mentaux qui pourraient se manifester des suites de la pandémie, notamment la dépression, l’anxiété, les crises de panique et la phobie sociale.
Dans cette région, les autochtones utilisent souvent des amulettes et des talismans pour traiter les maladies mentales. Pour de nombreux membres de sa communauté, c’était la première fois qu’on leur parlait de santé mentale. Saeeda a ainsi décidé de sensibiliser ses voisins et d’aider les personnes souffrantes, mais réfractaires aux traitements proposés, à se tourner vers les services locaux d’accompagnement, soutenus par l’AKRSP, pour gérer leurs symptômes.
« Je suis fière d’avoir pu mettre à profit ma formation pour le bien des autres, et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin », explique-t-elle. « Je me sens mieux outillée pour aider ma communauté à comprendre l’importance d’une bonne santé mentale. »
Atiya, Gilgit
Atiya est une bénévole qui connaissait déjà le travail que l’AKRSP menait au sein de sa communauté. Elle a tout de suite vu les avantages de la formation sur l’impact psychologique de la COVID-19 organisée par le Programme.
« Tout le monde avait très peur au moment des première et deuxième vagues de COVID-19. Toutefois, lors de la troisième vague, plus personne ne prenait vraiment au sérieux l’impact du virus. Au fur et à mesure que le nombre de victimes augmentait à l’échelle nationale, les communautés ont commencé à comprendre que cette nouvelle vague était, en fait, dangereuse, et cette prise de conscience a irrémédiablement eu des répercussions sur la santé mentale. Lorsque l’AKRSP nous a contactés pour organiser une formation sur l’impact de la COVID-19, j’ai ainsi pris l’initiative d’aller voir les communautés voisines pour les y convier. Les sessions que nous avons mises en place ont vraiment aidé la population locale à se sortir de situations psychologiques difficiles. »
Portée par les retombées positives de ce projet, Atiya a étudié la documentation sur la COVID-19 fournie par l’AKRSP et a commencé à se rendre dans les foyers de sa communauté pour sensibiliser les personnes qui étaient jusqu’alors réticentes à appliquer les mesures de sécurité. Tout en distribuant des équipements de protection pour aider à contrôler la propagation du virus, elle s’est employée à faire prendre conscience de la gravité de la pandémie aux membres de sa communauté.
Si les effets psychologiques de la pandémie de COVID-19 sont invisibles, ils ont en revanche entraîné des taux de stress très importants au sein des populations vulnérables. Grâce à des femmes comme Fatima, Saeeda et Atiya, les communautés du nord du Pakistan commencent à guérir émotionnellement et mentalement.
Le projet « Critical preparedness, readiness and response actions for the coronavirus disease pandemic in Gilgit-Baltistan and Chitral » (Mesures essentielles de préparation, d’intervention et de réponse face à la pandémie de coronavirus dans la région du Gilgit-Baltistan et de Chitral) est financé par l’Union européenne et la Fondation Aga Khan et mis en œuvre par les agences du Réseau Aga Khan de développement. Les opinions exprimées dans la présente publication n’engagent que les auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de l’Union européenne.