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  • Des stages d’été ont été mis en place en 2009 pour les élèves de l’Académie de Mombasa avec le Kenya School Improvement Programme (KENSIP - Programme d’amélioration scolaire kenyan) et East African Quality in Early Learning (EAQEL - Qualité de l’apprentissage précoce en Afrique de l’Est), deux initiatives de la Fondation Aga Khan (AKF) qui se concentrent sur l’amélioration des premières années de l’enseignement primaire.
    AKA
Développement en classe
Des programmes transformateurs font entrer la notion de développement communautaire au sein des salles de classe

Diana Maina, une diplômée de la promotion de 2009 de l’Académie Aga Khan de Mombasa, rêve depuis longtemps de travailler dans le développement au Kenya, dans l’espoir d’aider les communautés défavorisées à briser le cycle de la pauvreté. Toutefois, elle ne prit la mesure de la complexité de cette voie que lorsqu’elle réalisa des stages auprès du Kenya School Improvement Programme (KENSIP - Programme d’amélioration scolaire kenyan) et d’East African Quality in Early Learning (EAQEL - Qualité de l’apprentissage précoce en Afrique de l’Est), deux initiatives de la Fondation Aga Khan (AKF) qui se concentrent sur l’amélioration des premières années de l’enseignement primaire, durant l’été 2009.

« Cette expérience m’a fait comprendre que le développement intègre de très nombreuses composantes... La sphère de la pauvreté est vaste. Il n’existe pas de solution unique », déclarait Diana, qui a depuis pris part aux stages de l’AKF en microfinance, éducation pour les enfants marginalisés et santé communautaire.

Préparer les élèves à devenir des acteurs du changement social
Diana s’est vu offrir la possibilité de faire ces stages par le biais de l’initiative de service communautaire de l’Académie, qui a mis en place des partenariats avec des projets locaux de l’AKF afin de proposer des activités de développement communautaire à des élèves du Programme du diplôme (dernière année) et anciens élèves de l’institution. Bien que ce programme concerne les élèves de dernière année, l’Académie propose des activités de service communautaire aux élèves de tous âges au travers d’autres initiatives.

Les stages d’été, comme celui de Diana, ont été mis en place en 2009 à Mombasa afin de répondre à l’objectif de l’Académie de former des élèves qui se porteront en moteurs du futur développement de la société. Cette initiative contribue également à la croissance des élèves et leur permet de satisfaire l’exigence de service communautaire nécessaire à l’obtention du diplôme du Baccalauréat International (IB).

« Nous voulions leur montrer la réalité, les faire sortir de la « bulle » de l’Académie. Nous voulions également leur faire comprendre qu’ils ont les compétences et les connaissances nécessaires pour mener à bien des projets », a déclaré Nicole Nikolaidis, coordinatrice de la direction des élèves des Académies.

Cette expérience a transformé de nombreux élèves de l’Académie de Mombasa.

« Je me suis moins intéressée à ce que le monde avait à m’offrir et plus à ce que j’avais à offrir au monde », déclare Khadija Dohry, une diplômée de la promotion de 2012 de l’Académie de Mombasa qui étudie les sciences politiques et les relations internationales. Elle souhaite devenir diplomate et travailler dans « le plus grand intérêt de son peuple ».

Elle explique que son expérience de bénévolat de six semaines au cours de l’été 2011 au Centre de ressources Madrasa du Kenya (MRCK), qui offre une éducation aux jeunes enfants kenyans démunis, a changé sa façon de voir les choses. Au cours de cette période, elle a contribué à la rénovation de la cour de l’école et a mis en place une petite bibliothèque, mais a également organisé un atelier d’informatique pour renforcer les compétences des enseignants. Alors qu’elle découvrait un peu plus la communauté, elle s’est inquiétée du nombre important de jeunes filles abandonnant l’école en raison de mariages précoces forcés ou de grossesses. Cette situation l’a poussée à créer des forums, en partenariat avec le MRCK et le KENSIP, engageant les membres de la communauté dans des échanges à propos des inconvénients du mariage précoce et de l’importance de la mise en place de jalons dans l’éducation des enfants.  

Prouver que les jeunes peuvent avoir un impact social important
Bien que des projets de développement comme le MRCK accueillent désormais des étudiants comme Khadija à bras ouverts, il y avait une certaine réticence au début. Lorsque Nicole Nikolaidis entreprit de se mettre en relation avec l’AKF, elle fit face à de nombreux obstacles.

« C’était un grand défi à relever », déclare-t-elle. Les membres de l’AKF qu’elle contacta n’étaient pas convaincus que des lycéens puissent être d’une grande aide, puisque leurs stagiaires étaient généralement titulaires d’une licence. Pire, ils pensaient que de trop jeunes stagiaires leur rajouteraient du travail. Toutefois, six projets de l’AKF acceptèrent de mettre en place des stages de sept semaines avec 17 élèves du Programme du diplôme au cours de l’été 2009.

Dans la plupart des cas, les élèves ont immédiatement été jetés dans le grand bain. « Nous ne leur accordions aucun traitement de faveur... et les considérions comme n’importe quel chargé de programme », déclarait un membre de l’équipe dans une évaluation des stages de 2009. Les élèves ont cependant été motivés par cette exigence. Mus par leur enthousiasme, leur savoir-faire technique et leur expérience académique, ils ont rédigé des rapports, mené des recherches, apporté un soutien logistique et de formation, préparé des présentations et aidé le personnel à résoudre les problèmes d’informatique.

« Notre perception des jeunes [et de leurs capacités] est différente désormais », a déclaré Atrash Ali, chef de projet pour East African Quality in Early Learning, après la première phase de stages. « Nous avons eu l’occasion de découvrir un potentiel que nous avions tendance à ignorer auparavant chez ces jeunes... Ils nous ont montré qu’ils ont déjà beaucoup à offrir à cet âge. »

Dans l’un des cas, les élèves ont de leur propre chef décidé d’organiser un projet pour repeindre une école délabrée. Dans un autre cas, ils ont joué un rôle crucial dans l’élaboration de rapports pour le gouvernement. Ils ont également renforcé leurs connaissances vis-à-vis de leur propre pays. « Je me suis rendu compte que je n’avais pas connaissance des enjeux auxquels ma ville fait face actuellement », a déclaré Muzamil Mohammed, un diplômé de la promotion de 2009 qui s’était porté bénévole au MRCK.

« À l’école, ils entendent parler des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ou de l’indice de développement humain (IDH), mais lors des stages, ils voient réellement ce que signifient ces notions. Ils peuvent ainsi faire le lien entre la réalité et ce qu’ils apprennent en classe », a déclaré Nicole Nikolaidis.

Préparer les élèves à élaborer et gérer des projets de développement social
De nombreux élèves approfondissent leurs connaissances pendant les stages en développant un projet de sensibilisation qui satisfait aux composantes créativité, activité, service (CAS) du diplôme du Baccalauréat International au travers d’un projet à long terme qui intègre au moins deux des éléments CAS.

Il y a deux ans, un groupe d’élèves a mis à profit son projet de sensibilisation pour contribuer à l’amélioration des compétences en calcul d’écoliers locaux. Après avoir mené une réflexion sur leur propre expérience ainsi que des recherches sur les stratégies d’enseignement, ces jeunes ont élaboré un manuel d’activités mathématiques centrées sur l’enfant. Ils ont également organisé un atelier de formation pour les enseignants, qui ont ensuite intégré certaines des activités proposées dans leurs classes respectives.

« Nous essayons de pousser les élèves à prendre en compte la notion de développement socio-économique lorsqu’ils élaborent leurs projets CAS », a déclaré Nicole Nikolaidis. Elle a ajouté que toutes les Académies cherchent à mettre en relation leurs élèves avec des organisations du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) au travers de stages. L’Académie de Hyderabad vient de conclure sa première série de stages d’été, et Nicole Nikolaidis est actuellement en contact avec des programmes de développement locaux afin d’établir des partenariats à long terme pour le bénéfice des élèves. Elle espère inspirer encore plus d’élèves comme Diana.

« J’ai appris [au travers du programme] que le développement consiste à aider les autres à s’aider eux-mêmes... À terme, je me vois travailler dans la microfinance, car je pense que c’est un domaine qui répond très bien à cette définition », a déclaré Diana Maina.