Merci beaucoup. C’est avec grand plaisir que j’inaugure cette exposition
Vos Honneurs,
Conseillers,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les Lords,
Mesdames et Messieurs,
J’ai dû me renseigner avant de prononcer ce discours, car je n’étais pas certain que l'on puisse mettre les titres de « votre Honneur » et de « Conseiller » au pluriel.
Lorsque le Centre ismaili a ouvert ici en 1985, il était pourvu d’un espace spécialement conçu, la galerie Zamana. Dotée d'une entrée indépendante donnant sur Cromwell Road et située en face du V&A, du Science Museum et du Museum d'histoire naturelle de Londres, cette galerie avait pour ambition de s'intégrer à ce riche corridor culturel. En complétant l’offre de haute couture, de sculptures de la Renaissance, de dinosaures, d’abeilles, de rouages en tous genres et d’ordinateurs proposée par ses voisins, Zamana avait pour vocation de favoriser le dialogue entre les communautés sur l’art, la société et la culture du monde musulman, mais aussi de refléter le dialogue interculturel perpétuel découlant du besoin des hommes de voyager, de découvrir, de vaincre ou de vendre leurs biens et d’en acquérir d’autres.
À l’époque, j’avais incité Sir Roy Strong à utiliser cette galerie pour y exposer la remarquable collection d'œuvres d’art du monde musulman du V&A, qui, à cette période, était pour la majeure partie conservée dans les réserves du Musée. Il m’avait donné son accord de principe sur l’'idée. Toutefois, cela ne déboucha sur rien. Plus tard, je glissai la même suggestion au Ministre de la culture de l’époque. Une fois encore, sans aucun résultat. C’est donc avec une certaine tristesse que je vis cette galerie entrer en hibernation forcée il y a quelque 25 ans. Depuis, l’appréciation des arts du monde musulman s’est, je pense, développée et améliorée. Des galeries dans de grands musées tels que le V&A et le British Museum ont été créées ou réhabilitées. Des festivals dédiés aux arts du monde arabe, d’Asie du Sud et du monde musulman de manière générale ont été créés. De nombreuses fondations ont vu le jour afin de soutenir la pratique artistique de cet univers. Les artistes ont afflué à Londres, d'une part pour ses écoles d’art, et d'autre part pour les possibilités de développer leurs pratiques au sein du riche milieu artistique de cette ville. Je ne pense pas qu’il soit exagéré de dire qu’au cours de cette période, Londres est devenue à bien des égards un carrefour des arts historiques et contemporains du monde musulman.
Ce qui nous amène à aujourd'hui et à la réouverture de l’espace Zamana. Je suis heureux que le Centre ismaili ait choisi de faire revivre cette galerie en partenariat avec le Musée Aga Khan, une institution située à Toronto et dont je suis le président du conseil d’administration, pour le meilleur et probablement pour le pire. Bien qu’il ait moins de cinq ans, le Musée commence déjà à se positionner à la pointe des représentants des arts du monde musulman. Sa mission est d’encourager de meilleures compréhension et appréciation de la contribution des civilisations musulmanes au patrimoine mondial en exposant leurs arts dans leurs formes nombreuses et variées et provenant du monde entier. Ses expositions commencent à gagner en notoriété, surtout, et je suis heureux de pouvoir le dire, dans le bon sens du terme. Je pense bien entendu à l’exposition actuelle sur la Lune qui rencontre un franc succès. Et le travail du Musée auprès des artistes, qu'ils soient musiciens, danseurs ou plasticiens, commence, je crois, à nous emmener vers de nouveaux horizons.
Je suis persuadé que les arts devraient communiquer entre eux. Les arts reflètent nos sens, et tout comme nos sens communiquent entre eux, les arts devraient en faire de même. A mon avis, c’est une erreur de mettre en avant un art particulier en l’isolant complètement de tous les autres. C’est pourquoi, aussi souvent que possible, j’aime voir un dialogue entre les arts.
Cette galerie du Centre ismaili est l'un des premiers lieux où la collection du Musée Aga Khan fut exposée après l’annonce de la construction du Musée à Toronto. En 2007, il y a 12 ans, une sélection des trésors de la collection du Musée a ainsi été exposée ici dans le « Social Hall », attirant au total quelque 50 000 visiteurs.
Comme vous l’aurez sans doute deviné, maintenant que la galerie Zamana est à nouveau opérationnelle, et que nous disposons même d’espaces d’exposition dans le nouveau Centre Aga Khan situé à King’s Cross, j’ai l’espoir que le Musée aura la possibilité d’organiser de passionnantes expositions temporaires avec le V&A et d’autres institutions britanniques majeures qui possèdent d’importants espaces d’art en provenance du monde musulman ou en lien avec celui-ci. Cela pourrait en effet contribuer au renforcement du message que j’estime important et selon lequel la culture est un facteur d’union et non de division.
Je laisserai la présentation de l’œuvre que vous allez admirer et de l’artiste que vous allez rencontrer à l’administrateur de notre Musée, Henry Kim, ainsi qu’à l’artiste lui-même, Kevork Mourad. Je dirai cependant qu’ils ont fait montre de beaucoup d'imagination sur la façon d’utiliser cet espace pour créer cette exposition artistique visuelle et sonore. Je suis également très heureux que cette galerie n’abrite pas seulement l’exposition en elle-même, mais aussi une petite boutique du Musée. Ce doit être l’un des rares contextes où le dialogue culturel et le dialogue commercial trouvent à s’entendre. La boutique accueille une collection unique de bijoux, de vêtements, de céramiques, de textiles et de livres qui ont été réalisés et obtenus auprès d’artistes traditionnels et contemporains originaires de tout le monde musulman, rassemblés après de très longues heures de recherche, ce qui fut à la fois plaisant et exaltant à bien des égards.
Ainsi, la boutique trouve-t-elle aussi ses racines dans le dialogue culturel. J’espère que vous apprécierez tous le spectacle et que nous nous reverrons, inshallah, lors du prochain événement, et s'il vous plaît, M. Kim, que ce soit bien et très bientôt !
Merci.