Prononcé par M^me Nurjehan Mawani, représentante diplomatique de Son Altesse l'Aga Khan auprès de la République islamique d'Afghanistan.

Honorables coprésidents,
Excellences,

Au nom du Réseau Aga Khan de développement (AKDN), permettez-moi de remercier sincèrement le gouvernement du Pakistan d’accueillir cette Conférence ministérielle du processus d'Istanbul - Cœur de l'Asie (HoA-IP) et de la généreuse hospitalité dont vous avez fait preuve à notre égard. L'AKDN est honoré de prendre part à cette initiative régionale importante.

Le Réseau est un partenaire historique des peuples et du gouvernement d'Afghanistan, des peuples et du gouvernement du Pakistan et des peuples et des gouvernements de la région. Nous sommes honorés de soutenir l'organisation de la HoA-IP depuis sa création en 2011. À cette fin, nous avons participé aux activités mises en place dans le cadre des mesures de confiance pour l'éducation, le commerce et l'investissement, ainsi que pour la gestion des catastrophes, menées respectivement par la République islamique d'Iran, la République d'Inde et la République islamique du Pakistan.

Nous félicitons par ailleurs les pays coordonnateurs pour les progrès des activités mises en place dans le cadre des mesures de confiance, dont il a été rendu compte lors de la réunion des hauts fonctionnaires, et nous les encourageons à étendre leur portée aux pays et aux organisations partenaires afin de tirer parti des résultats obtenus à ce jour. Nous encourageons l'Afghanistan, en tant que « cœur de l'Asie », à développer des mécanismes pour renforcer la synergie et la coordination entre les mesures de confiance afin d'accélérer leur impact sur la qualité de vie des peuples de l'Afghanistan et de la région. Lorsqu'elles sont appliquées en synergie, les mesures de confiance ont le potentiel de contribuer de manière importante à l'objectif de la HoA-IP, à savoir « de galvaniser la coopération et le développement à l'échelle régionale en Afghanistan et chez ses voisins proches et plus lointains ».

Par l'intermédiaire de programmes et d'investissements menés en partenariat avec les gouvernements de la région du cœur de l'Asie, l'AKDN a pour but d'améliorer la qualité de vie des êtres humains en termes de santé, d'éducation et de développement culturel et économique, et a la « profonde conviction que le progrès humain dépend d'une coopération humaine, et ce même au-delà de lignes de division délicates ».

Monsieur le président, la région du cœur de l'Asie est un pôle économique prospère ayant une portée mondiale et un esprit d'entreprise dynamique. Conscients du rôle important du secteur privé dans le soutien du développement économique régional, le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED) et la Fondation Aga Khan (AKF) contribuent au renforcement de la coopération régionale par l'intermédiaire d'investissements dans des infrastructures cruciales et en reliant les communautés au travers des frontières grâce à des ponts, des marchés transfrontaliers, l'énergie, les télécommunications, des services financiers, des initiatives sanitaires et éducatives et des échanges culturels et touristiques.

Aujourd'hui, nous avons évoqué des projets infrastructurels majeurs ; des routes, des voies ferrées et des ports. Si vous me le permettez, Monsieur le président, j'aimerais souligner un autre exemple d'infrastructures pouvant être mises en place rapidement et dont l'effet sur la qualité de vie est immédiat.

Je fais référence ici aux ponts. En effet, construire des ponts au travers de frontières contribue à ouvrir la région à de nouveaux développements et améliore sa prospérité. Les six ponts construits par l'AKDN sur la rivière Piandj, qui relient le Tadjikistan et l'Afghanistan, et dont les deux derniers ont été construits avec l'aide du gouvernement allemand par l'intermédiaire de la Fondation PATRIP, sont le reflet direct d'une coopération et d'un partenariat à l'échelle régionale. En plus de stimuler un sens de la confiance et du progrès, ces projets ont aussi une valeur économique tangible en permettant l'accroissement d'échanges et d'innovations productifs, un accès à des marchés au-delà de leurs frontières immédiates et en réduisant le coût de produits essentiels. Grâce à ces ponts, plus d'un million de dollars de marchandises sont échangés dans les marchés transfrontaliers chaque année.

Ils ont transformé les vies de certaines des communautés les plus fragiles et les plus isolées de la région en leur permettant d'améliorer leur sécurité alimentaire et d'accéder à des services essentiels en matière de santé et d'éducation. L'AKDN salue les nombreux partenaires, qui sont autour de cette table aujourd'hui, qui travaillent avec nous dans cette entreprise commune.

Monsieur le président, les ponts font bien plus que faciliter le commerce. Ils jouent un autre rôle important, car ils permettent l'échange d'idées et d'expériences au sein des communautés à travers les frontières et donnent l'occasion à celles-ci de mieux se connaître, de trouver des solutions à des enjeux communs et donc de renforcer leur confiance au fur et à mesure. C'est en ce sens que ces ponts contribuent au renforcement de la confiance régionale et qu'ils représentent un exemple qui mériterait d'être reproduit ailleurs.

J'aimerais partager un autre exemple avec les membres présents à cette conférence ; une initiative régionale qui soutient le développement d'un capital humain crucial afin de multiplier l'impact socio-économique d'autres investissements effectués dans la région. Il s'agit de l'Université d’Asie centrale (UCA), qui a été créée dans le cadre d'un traité international signé par le Tadjikistan, la République kirghize, le Kazakhstan et Son Altesse l'Aga Khan. L'UCA, dont l'empreinte s'élargit en Afghanistan, offre une formation et une éducation essentielles axées sur la demande et adaptées au marché afin de renforcer les capacités des ressources humaines dans le but de catalyser la croissance économique au sein des communautés reculées. À ce jour, plus de 80 000 personnes du Tadjikistan, de la République kirghize, du Kazakhstan et de l'Afghanistan ont bénéficié des programmes de l'UCA. J'aimerais ajouter qu'une enquête effectuée auprès d'anciens élèves a montré que plus de 70 % des personnes ayant fréquenté l'UCA ont trouvé un emploi, ont été promues ou ont créé leur propre entreprise.

Enfin, Monsieur le président, permettez-moi d'évoquer un dernier exemple, celui d'une intervention importante de l'AKDN qui favorise le renforcement de la confiance au sein de la région en aidant l'Afghanistan, le Tadjikistan, la République kirghize et le Pakistan à renforcer leurs ressources humaines en santé grâce à l'échange de connaissances et de bonnes pratiques. En partenariat avec le Canada et la France, et en étroite collaboration avec les Ministères concernés, l'AKDN offre des formations en ligne et un programme de formation médicale postuniversitaire par l'intermédiaire de ses nombreuses agences et institutions de santé partenaires. L'Université Aga Khan (AKU), basée à Karachi et qui a des campus dans plusieurs pays, joue un rôle important en offrant des possibilités d'apprentissage aux médecins et aux autres professionnels de la santé en Afghanistan et dans la région, permettant ainsi un transfert des connaissances et le renforcement de compétences spécialisées. Près de 2 000 professionnels de la santé, 1 400 infirmières et sages-femmes communautaires et 70 médecins d'Afghanistan ont suivi une formation spécialisée dans leurs domaines médicaux respectifs, et ce grâce à une initiative conjointe de l'AKU, des Services de santé Aga Khan (AKHS) et de l'Institut médical français pour l’Enfant (IMFE).

En conclusion, Monsieur le président, j'aimerais vous remercier chaleureusement au nom de l'AKDN de nous offrir cette occasion de contribuer à la Conférence sur le cœur de l'Asie et de favoriser le développement de l'Afghanistan dans son contexte régional. Nous réitérons notre engagement en faveur du processus d'Istanbul afin de soutenir un Afghanistan en paix, stable et prospère.

Merci.