Dans les régions reculées de haute montagne d’Afghanistan, du Pakistan et du Tadjikistan, l'Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH) s’efforce de réduire les risques de catastrophe au travers d’initiatives d’évaluation des dangers, de la vulnérabilité et des risques, de cartographie des dangers, d’atténuation structurelle et de préparation et sensibilisation des communautés aux risques de catastrophe. Afin d’élaborer des politiques et des contre-mesures basées sur les meilleures données disponibles et adaptées aux communautés locales, son approche repose sur une combinaison de connaissances et pratiques locales et de technologies novatrices telles que les systèmes d’information géographique (SIG), la télédétection et les drones.
Il est extrêmement délicat d’évaluer et de surveiller les dangers, d’examiner les dommages et de collecter des données lors de situations d’urgence dans les zones montagneuses difficiles d’accès. De ce fait, l’AKAH utilise la technologie de la télédétection afin de cartographier plus simplement et plus précisément et de surveiller les risques et les catastrophes dans ces zones montagneuses. L’Agence a ainsi cartographié plusieurs lacs glaciaires d’altitude dans les provinces de Baghlân et du Badakhchan, en Afghanistan, dans la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), au Tadjikistan, et notamment le lac Sarez, et dans les districts de Gilgit et de Chitral et dans la vallée de la Hunza, au Pakistan. Cependant, à des altitudes trop élevées, la résolution des données satellites n’est pas suffisante pour créer des cartes précises des risques, et le temps nuageux obscurcit souvent les images obtenues. Le survol en hélicoptère se révèle également difficile et dangereux lorsqu’il est nécessaire de cartographier des zones situées à plus de 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans ce genre de cas, l’AKAH déploie des drones afin de réaliser des cartes détaillées des risques géologiques et des dangers et de les surveiller. Ces dispositifs lui permettent notamment d’étudier la taille des glaciers et des lacs glaciaires, leur état, leurs mouvements, leur couverture neigeuse, etc. Grâce à ces technologies, l’Agence est capable d’identifier le niveau de risque pour les communautés et de mettre en œuvre des interventions adaptées pour renforcer leur résilience face aux catastrophes naturelles.
En 2015, au Tadjikistan, l’Agence utilisa un drone afin de cartographier le glacier situé en amont du village de Barsem, dans vallée de Shughnan, qui avait provoqué une coulée de débris ayant détruit plus de 80 maisons et infrastructures essentielles, dont la route reliant le Tadjikistan à la Chine passant par Murghab. L’engin permit la réalisation d'une visualisation aérienne de l’ensemble des dommages causés par la coulée de débris et l’identification de la source du danger au travers d'images obtenues en direct et en toute sécurité, ce qui facilita ainsi la mise en œuvre d’une intervention efficace. Dans d’autres régions, l’AKAH utilise des drones afin de créer des cartes plus détaillées et précises des dangers afin d’améliorer ses efforts de réduction des risques de catastrophe. Au Pakistan, entre 2017 et 2018, dans la vallée de Shimshal, dans le Gilgit-Baltistan, une crue du glacier Khurdopin entrava la rivière Shimshal, résultant en la création d’un lac artificiel. La zone étant inaccessible, l’AKAH coopéra avec l’Autorité de gestion des risques de catastrophe du Gilgit-Baltistan pour surveiller la crue et la formation du lac à l’aide d’un drone. L’Agence utilisa également un drone pour surveiller le glacier Badswat, lorsqu’en 2018, les villages de Badswat et de Bilhanz, dans la vallée d’Immit, dans le Gilgit-Baltistan, furent frappés par la vidange brutale d’un lac glaciaire qui entraîna la formation d’un lac artificiel. Bien que 40 propriétés fussent endommagées et l’accès routier bloqué, aucune perte humaine ne fut à déplorer grâce à l’opération d’évacuation rapide menée par l’AKAH dans le cadre de ses initiatives de réduction des risques de catastrophe. Actuellement, l’Agence surveille le glacier Shishpar, dans la vallée de la Hunza, dans le Gilgit-Baltistan. En crue depuis mai 2018, il bloque l’écoulement d’eau d’un glacier adjacent, ce qui a formé un lac artificiel. L’AKAH surveille le lac par télédétection et à l’aide de drones, mais aussi grâce à une caméra installée près du glacier qui suit l’état du lac et du glacier en amont afin d’alerter les communautés situées en aval des risques et de les informer des opérations d’intervention et d’atténuation éventuelles.
Les innovations technologiques telles que les drones permettent à l’AKAH de réaliser des cartes plus précises des dangers, de sauver des vies et de protéger les biens et les moyens de subsistance des populations visées en cas de catastrophe naturelle. Elles permettent également d’effectuer des évaluations des dommages post-catastrophe plus rapides et précises afin d’élaborer des interventions plus efficaces.