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Sumitra Devi, 35 ans, habite à Sakra, un village situé dans l’État du Bihar, en Inde. Elle vit dans une petite maison en briques de deux pièces avec son mari (un ouvrier agricole), son fils, ses beaux-parents, son beau-frère et d’autres membres de la famille de son mari. Jusqu’en début d’année, ce foyer de neuf personnes n’avait pas de toilettes. Sumitra et ses proches devaient s’aventurer dans les champs derrière leur maison pour se soulager.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars, nous explorons les relations entre une eau propre et l’assainissement et partons à la découverte du rôle central que les femmes comme Sumitra Devi jouent dans l’amélioration de la santé de leurs familles, de leurs communautés et de leur environnement.
À terme, au moins 700 000 personnes, en particulier des femmes, des jeunes filles et des groupes marginalisés, bénéficieront de l’Initiative globale d’assainissement du Réseau Aga Khan de développement (AKDN) lancée en 2015. L’AKDN vise notamment à construire des toilettes dans 100 000 foyers ruraux, à améliorer l’assainissement dans 538 écoles publiques et à mettre en place des blocs d’assainissement et des infrastructures d’approvisionnement en eau gérés par les communautés.
Dans cette entrevue, Sumitra Devi explique pourquoi sa famille a décidé de construire des toilettes et ce qui a changé depuis la mise en place de cet équipement d’assainissement. Elle évoque également les informations et les conseils qu’elle a reçus par le Programme Aga Khan de soutien rural (AKRSP), l’une des nombreuses organisations partenaires qui prennent part à l’Initiative globale d’assainissement.
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Pouvez-vous nous expliquer pourquoi votre famille a décidé de construire des toilettes après tant d’années ?
Sumitra Devi (SD) : Nous avons pris la décision de construire des toilettes après que j’ai rejoint le groupe d’usagers de l’eau du village, qui gère un programme communautaire d’approvisionnement en eau potable. Pendant de nombreuses années, les habitants de notre village peinaient à obtenir une eau potable et contractaient des maladies à cause de celle qu’ils consommaient. Avec l’aide du Programme Aga Khan de soutien rural, nous avons mis en place un programme communautaire d’approvisionnement en eau potable dans notre village. Maintenant, nous avons accès à l’eau potable et avons également appris comment gérer notre consommation et d’autres principes fondamentaux de l’hygiène. Au fur et à mesure que nous en apprenions davantage quant à l’importance de l’hygiène personnelle et de son impact sur notre santé au cours d’assemblées communautaires, nous avons été amenés à comprendre les risques sanitaires de la défécation en plein air. C’est à ce moment que j’ai commencé à évoquer la possibilité de construire des toilettes avec ma famille.
Avez-vous rencontré des difficultés dans cette entreprise et, si oui, comment les avez-vous surmontées ?
SD : Au début, les membres de la famille de mon mari s’opposaient farouchement à ce projet. Je les entendais me dire : « nous avons réussi à vivre sans jusqu’à aujourd’hui, alors pourquoi investirions-nous dans des toilettes maintenant ? » Ils ne comprenaient pas les risques sanitaires de la défécation en plein air et ne voulaient pas de toilettes dans la maison. Comme nous vivons dans un espace confiné, ils craignaient que cela nuise à notre environnement intérieur. Après avoir évoqué ces problèmes lors d’une assemblée communautaire, les agents de l’AKRSP ont suggéré que nous construisions des toilettes à l’arrière de notre jardin. Ils m’ont également dit que nous pouvions obtenir une subvention du gouvernement pour nous aider à couvrir les frais de construction des toilettes. Avec toutes ces nouvelles informations en main, j’ai exposé à ma famille les solutions qui nous permettraient d’avoir des toilettes.
Vous avez semble-t-il eu du mal à convaincre votre famille. Pourquoi avez-vous insisté pour avoir des toilettes ?
SD : Après avoir appris les impacts négatifs de la défécation en plein air sur la santé de la population, et notamment des enfants, et après avoir entendu les retours positifs d’autres femmes du village qui avaient récemment construit des toilettes, j’étais encore plus convaincue que cela faciliterait la vie de ma famille, en particulier des femmes. Nous avions tous à parcourir de longues distances tôt le matin ou tard la nuit pour nous soulager, ce qui prenait du temps, notamment pour ma belle-mère, qui est âgée et se fatigue rapidement.
Vous avez désormais des toilettes. Est-ce que tous les membres de votre famille les utilisent ? Quels changements ont-elles apportés dans vos vies selon vous ?
SD : Nous avons construit les toilettes juste après la mousson, et depuis, tous les membres de la famille les utilisent et expliquent à quel point cela leur facilite la vie ! Ma belle-mère nous dit souvent qu’elle est bien plus heureuse maintenant qu’elle n’a plus à marcher de longues distances pour se soulager. Elle a même pris la responsabilité d’entretenir les toilettes et de s’assurer qu’elles fonctionnent correctement. Mon fils et mon mari aussi sont très contents de la construction de ces toilettes, qui sont plus pratiques et plus propres. Personnellement, je suis heureuse que ma famille ait accès à l’eau potable et à des toilettes. J’ai remarqué que nous étions tous en meilleure santé. Même si ce n’est qu’une petite étape, la construction de nos toilettes a grandement changé nos vies.
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Ce texte est une adaptation d’un article à l’origine paru sur le site internet de la Fondation Aga Khan Canada.