Bismillah-ir-Rahaman-ir-Rahim (Au nom de Dieu clément et miséricordieux)
Votre Honneur Lois Mitchell,
Honorable Rachel Notley,
Honorables Ministres,
Vos Honneurs,
Chancelier Stollery,
Président Turpin,
Chers invités d'honneur,
C'est toujours avec plaisir que je retrouve d'anciens amis et que je rencontre de nouvelles personnes lors de célébrations comme celle-ci. Mais l'inauguration d'aujourd'hui est un moment particulièrement heureux pour moi.
Les vieilles amitiés que nous renouons aujourd'hui sont très importantes. Je pense, bien sûr, à l'accueil que l'Alberta avait réservé aux membres de la communauté ismailie qui sont venus s'installer ici il y a près d'un demi-siècle, souvent dans des circonstances très difficiles. Et ces liens ont été continuellement renouvelés au fil des ans, en particulier grâce à nos partenariats enrichissants avec l'Université de l'Alberta.
L'un des cadeaux spécifiques que nous offrent nos anciens amis est de nous présenter des personnes formidables, et c’est ce qui s’est passé ici. Le projet que nous célébrons aujourd'hui, à savoir l'inauguration du Jardin Aga Khan, est un exemple particulièrement heureux.
Je pense que vous avez tous eu le plaisir, dans votre vie personnelle ou professionnelle, de voir une histoire fascinante se dérouler avec bonheur devant vos yeux du début à la fin. Nous nous rappelons l'excitation d'un nouveau départ, ainsi que ce sentiment profond de reconnaissance et de satisfaction lorsque ce que nous avons prévu se déroule sans encombre, lorsque l'espoir se réalise et que la vision devient réalité.
Sachez que c'est exactement ce que je ressens aujourd'hui. J'ai eu la chance de prendre part à la conception de ce projet, et je me sens privilégié d'être ici aujourd'hui pour célébrer sa réalisation.
Je me rappelle très bien mes visites à l'Université de l'Alberta au cours de mon Jubilé d'or, en 2008, et ensuite en 2009, pour les cérémonies de remise des diplômes. C'est à cette occasion que nous avons, pour la première fois, évoqué notre rêve de créer ici, ensemble, un nouveau jardin islamique. A cette même époque, je me suis rendu pour la première fois sur le site proposé pour le jardin, en me demandant comment ce rêve allait pouvoir se réaliser dans la pratique.
Pour beaucoup, cela paraissait impossible. Après tout, la grande tradition des jardins islamiques trouve ses racines dans des époques et des lieux très différents. Le rôle du jardin, en tant que symbole spirituel, remonte au Saint Coran lui-même, où l'idéal du jardin est mentionné à plusieurs reprises. Au fil des nombreux siècles, la culture islamique a continué à considérer le jardin comme un lieu très spécial, où l'homme trouve une preuve supplémentaire de la présence du divin.
Mais le développement du jardin, symbole des idéaux islamiques, s'est manifesté de la plus belle manière il y a environ 500 à 600 ans, et cela s’est évidemment produit dans les climats plus chauds de l'Asie du Sud. Et pourtant, nous étions ici, à Edmonton, il y a une dizaine d'années, et avons proposé d'étendre cette belle tradition de l'est et du sud, au début du 21e siècle, à l'environnement naturel unique du nord et de l'ouest du Canada. Pour être plus précis, ce nouveau jardin serait le jardin islamique le plus septentrional jamais créé.
Au cours des neuf dernières années, j'ai eu la chance de voir ce rêve se réaliser ; nous nous sommes mis d'accord sur la configuration du site, avons constitué un comité directeur, sélectionné un cabinet d'architectes et examiné les plans de développement. Par la suite, une fois la planification terminée, le processus de construction n'a pris que 18 mois, ce qui a permis de terminer le projet « dans les délais et sans dépasser le budget » comme les planificateurs ont tenu à le préciser !
Lorsque je regarde ce jardin aujourd'hui, je pense avant tout aux personnes qui ont permis de concrétiser ce projet, à leur dévouement, à leur talent et à leur remarquable énergie. Je veux que toutes ces personnes sachent qu'en inaugurant ce nouveau jardin aujourd'hui, nous leur rendons également hommage. Elles offrent un cadeau très précieux aux générations à venir, qui doivent aussi être privilégiées en faisant l'expérience de la spiritualité et de l'harmonie de multiples formes de vie.
Parmi ces personnes, je pense aux ouvriers et aux jardiniers, aux planificateurs et aux administrateurs, aux artistes et aux chercheurs, aux architectes et aux concepteurs, dont le cabinet Nelson Byrd Woltz. Je pense également aux membres dévoués de la communauté ismailie et d'autres communautés musulmanes en Alberta, et dans d'autres régions du Canada, à la remarquable famille de l'Université de l'Alberta, aux membres du gouvernement à tous les niveaux et aux personnes qui travaillent pour le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC) et le Réseau Aga Khan de développement (AKDN).
Bien sûr, le pouvoir inspirant du jardin islamique lui-même était au cœur de leur travail. L'importante vocation de l'intendance humaine, notre responsabilité d'honorer, de protéger et de partager les dons de Mère Nature est au centre des traditions du jardin.
Dans ce contexte, les jardins peuvent être perçus non pas comme des imitations de la nature, mais comme les interprétations humaines de la nature, dont les structures géométriques offrent un cadre humain dans lequel il est possible de découvrir, dans notre cas, les magnifiques variations du paysage de l'Alberta.
Les jardins de tradition islamique sont également des lieux où les eaux fraîches qui coulent nous rappellent la bonté du Divin. Ils représentent un lieu de méditation et de renouveau paisible. Mais je voudrais également souligner que le jardin, à travers l'histoire, est également un espace social, un lieu d'instruction, d'échange, de romantisme, de diplomatie et de réflexion sur la destinée de l'espèce humaine. Et même lorsque nous partageons l'expérience du jardin les uns avec les autres, nous pouvons éprouver quelque chose pour ceux qui ont parcouru des jardins similaires par le passé.
Je voudrais également évoquer un autre aspect de ce jardin original que nous inaugurons aujourd'hui. Il symbolise non seulement le mélange créatif du naturel et de l'humain, mais aussi la beauté d’une coopération interculturelle multiple.
L'une des questions les plus importantes que l'humanité se pose de nos jours est de savoir comment nous pouvons célébrer ce qui caractérise nos identités distinctes et, en parallèle, accueillir la diversité des identités comme un élément positif dans nos vies.
Cette ville et ce pays font partie des leaders mondiaux qui répondent à cette vieille question de manière positive. Le projet que nous inaugurons aujourd'hui est un bel exemple de cette tradition canadienne.
Au Canada, et dans de nombreux autres pays, le Trust Aga Khan pour la culture s'est fortement engagé en faveur de la création et de la rénovation d'importants espaces verts au cours des dernières années. Évoquons par exemple dix projets récents menés à bien qui se situent dans le monde entier, au Caire, à Zanzibar, à Toronto, à Kaboul, à Douchanbé au Tadjikistan et à Bamako au Mali. Rien qu'en 2018, j'ai participé à l'inauguration de trois projets de jardins similaires, à Londres, à Delhi et maintenant ici, en Alberta.
Mais l'histoire ne s'arrête pas en si bon chemin. En fait, l’histoire des jardins islamiques canadiens est loin d'être terminée. A présent, nous envisageons la construction d'un nouveau parc qui sera créé à quelques centaines de kilomètres d'ici, à Burnaby, en Colombie-Britannique.
Il est d'ores et déjà certain qu'il surpassera Edmonton et deviendra le jardin islamique le plus à l'ouest. Mais rassurez-vous, le jardin d'Edmonton sera toujours le plus septentrional !
Aujourd'hui, j'ai évoqué le passé, alors j'aimerais conclure en mettant l’accent sur le futur. Dans un moment comme celui-là, c’est formidable de penser à toutes les personnes qui viendront visiter ce lieu dans les années à venir. Nous devons désormais pérenniser cet espace, afin d'y créer de nouvelles expériences et de répondre à de nouveaux défis.
En vous promenant dans ces jardins, vous verrez des preuves de la façon dont les générations futures pourront tirer le meilleur parti de ce site. En ce jour spécial, nous espérons et nous nous attendons à ce que le Jardin Aga Khan, ici à l'Université de l’Alberta, soit vraiment un cadeau qui continuera de nous être offert.
Merci.