Bismillah-ir-Rahman-ir-Rahim (Au nom de Dieu clément et miséricordieux)
Madame Mohammed,
Votre Excellence, Monsieur le Président de l’Assemblée,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui, au nom du conseil d'administration du Centre mondial du pluralisme, à la Conférence annuelle sur le pluralisme 2019, ici, au Centre Ismaili de Lisbonne.
Je suis ravi que cette septième Conférence annuelle se déroule cette année au Portugal. Et je ne dis pas cela uniquement parce que ce beau pays est imprégné de l’histoire et de la culture mondiales et qu'il est habituellement baigné de soleil. Mais aussi, parce que pour ceux d’entre nous qui croient à l’œuvre de rapprochement du pluralisme, le Portugal a beaucoup à nous apprendre, même s’il est confronté à ses propres défis.
Ce pays est fort d'une longue histoire de coexistence féconde entre chrétiens, juifs et musulmans. L’histoire d’Al-Andalus a été écrite ici, au cœur de la Péninsule Ibérique, entre le 8e et le 16e siècle. Ce mélange de cultures, de religions et de langues a généré des innovations dans les domaines de l’architecture, de l’agriculture, de la médecine et même de la cuisine, qui font désormais partie intégrante du tissu même du Portugal moderne.
En juillet dernier, l’Indice mondial de la paix classait le Portugal parmi les cinq pays les plus pacifiques du monde, et ce pour une bonne raison. En ces temps d’intolérance accrue, ce pays a instauré en Europe l’une des politiques les plus favorables aux migrants. Alors que les populations de nombreux pays occidentaux vieillissent, voire diminuent, le Portugal fait partie des rares nations qui reconnaissent que les nouveaux arrivants sont indispensables afin d’assurer l’avenir du pays.
Cette attitude bienveillante est celle qui est la plus étroitement associée au pluralisme, la mission essentielle du Centre mondial du pluralisme. Modèle de la recherche, de l’éducation et du dialogue, le Centre tire ses enseignements des dynamiques politiques, sociales et culturelles à l’œuvre dans des sociétés disparates et divisées à travers le monde. Je vous invite tous à découvrir ce que le Centre peut offrir. En s’inspirant de la réussite des autres, nous pouvons aider nos propres sociétés à « s’immuniser » contre la tentation de monter les gens les uns contre les autres, et notamment contre la tentation d’exclure les populations marginalisées.
Notre oratrice de ce soir, Madame Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a un parcours personnel extraordinaire, et c’est pour nous un immense privilège de bénéficier de son expérience. Merci.
La participation active de Mme Mohammed dans le développement international et son engagement passionné en faveur de l’éducation des filles remontent tous deux à près de 20 ans, à l’époque où elle coordonnait le groupe de travail sur le genre et l'éducation du Projet « Objectifs du Millénaire » des Nations Unies. En 2005, alors qu’elle était l’assistante spéciale principale du Président du Nigéria pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), elle avait pour mission de gérer les fonds d’allègement de la dette du Nigéria en vue d’atteindre ces objectifs. En bref, les OMD sont les huit objectifs du plan directeur qui a permis au monde de relever ses plus grands défis sociaux et économiques de 2000 à 2015.
Mme Mohammed s’est d’abord montrée sceptique à l’égard de ce projet, « comment pouvait-on concentrer les défis mondiaux en seulement huit objectifs ? », se demandait-elle. Elle s’est néanmoins engagée en faveur de cette cause. Avec persévérance et ténacité, elle a tout fait pour qu’un milliard de dollars soit consacré chaque année dans son pays aux domaines de ces objectifs qui en avaient le plus besoin, à savoir la réduction de la mortalité maternelle, l’accès des communautés à l’eau potable et la création d’écoles de qualité avec des enseignants de bon niveau pour les élèves nigérians.
En 2012, Amina Mohammed a assumé un autre poste international, en tant que conseillère spéciale auprès de Ban Ki-moon, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, pour l’étape ultérieure de la planification du développement des Nations Unies, le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Son nouveau défi était de travailler avec pas moins de 193 nations pour remplacer les OMD par un nouveau plan global pour le développement international à l’horizon 2030.
A propos de ce nouveau plan, Mme Mohammed a déclaré, et je cite, « le développement n’est plus un enjeu qui concerne uniquement le Sud. Il concerne le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. » En effet, tous les pays membres des Nations Unies, dont le Canada, le Portugal et le Nigéria, ainsi que les 190 autres pays, ont adopté ces objectifs comme s'il s’agissait de leurs propres objectifs nationaux. Le Programme à l’horizon 2030 exige que des actions soient engagées par tous les pays et pour tous les peuples.
Mme Mohammed est ensuite passée de la phase conceptuelle aux Nations Unies à celle de la mise en œuvre dans son propre pays. En tant que Ministre fédérale de l’environnement, elle a dirigé les programmes du Nigéria concernant le changement climatique et la protection des ressources pour un développement durable.
Mme Mohammed plaide avec ferveur pour une action mondiale contre le changement climatique, pour l’éducation des enfants et pour la protection des droits de l’homme. Par-dessus tout, elle a décrit l’égalité des sexes, le cinquième des Objectifs pour le développement durable, comme le « point d’ancrage » de tous les autres objectifs, et un passage obligé pour leur réalisation.
Elle a été directrice, administratrice ou conseillère au sein de nombreux conseils d’administration, dont celui du Groupe consultatif d’experts indépendants sur la révolution des données pour le développement durable, du Centre de recherches pour le développement international du Canada et du Global Development Program de la Fondation Bill et Melinda Gates. Elle a également reçu tant de distinctions et de prix que je ne pourrais les citer tous par crainte de ne lui laisser plus assez de temps pour son discours.
Mesdames et Messieurs, j’ai le très grand privilège d’accueillir l’oratrice de notre Conférence annuelle sur le pluralisme 2019, Mme Amina Mohammed.
Merci.